Millésime 2020

En 2020, la qualité est au rendez-vous dans les vignobles AOP des Côtes du Rhône et de la Vallée du Rhône, malgré des volumes de récolte hétérogènes marqués par des incidents climatiques dans la zone méridionale. En dépit d’une année si singulière et qui aura été éprouvante pour tous, de très beaux vins sortiront, qui seront autant d’occasions de se réjouir dans les mois et années à venir.

2020 s’impose comme un millésime solaire, mais non caniculaire. Les volumes récoltés sont satisfaisants mais hétérogènes suivant les secteurs. Les premières analyses et vinifications portent à croire à un beau millésime : les vins sont harmonieux, équilibrés, dotés d’une belle concentration.

L’automne 2019 pluvieux avait permis de restaurer les réserves hydriques après un été 2019 caniculaire. L’hiver doux et sec a engendré un débourrement précoce. Cette précocité rendit la vigne particulièrement sensible aux dernières gelées de printemps. L’hétérogénéité commençait déjà à s’installer. Le fort ensoleillement et les températures élevées de l’été ont conduit à une hausse des degrés d’alcool potentiels, sans pour autant atteindre les taux observés en 2019. La sécheresse et la chaleur furent préoccupantes en début d’été, où l’on observa notamment des blocages de maturité dans certains secteurs. En revanche, le temps sec, ensoleillé et légèrement venteux a permis d’assainir le vignoble et de protéger la récolte des maladies, menant à un état sanitaire excellent au moment de la vendange.

Dans la majorité des cas, les fermentations se sont enclenchées et déroulées sans problème et assez rapidement. Les bonnes teneurs en azote observées dans les baies ont facilité ce processus.

La partie septentrionale n’a pas été impactée par des incidents météorologiques particuliers, à l’exception de certaines parcelles qui ont souffert du manque d’eau, se traduisant par quelques phénomènes de blocage des maturités en début d’été dans le sud-est du vignoble septentrional.
La récolte est belle mais les rendements usuels ne sont globalement pas atteints.

Selon Xavier Gomart, directeur de la Cave de Tain l’Hermitage : « ce millésime 2020 s’annonce de bon aloi ! Les différents terroirs s’expriment pleinement. On retrouve dans quelques cuves la fraîcheur qui avait pu nous faire défaut ces dernières années. Certaines cuvées haut de gamme révèlent déjà un bel équilibre fraîcheur/concentration, sûrement de belles pépites à découvrir ! »

Un peu plus au Nord, les vendanges ont été précoces en débutant, globalement, la première semaine de septembre. « Sur Côte-Rôtie, les vins sont très élégants, très fins avec des arômes de fruits rouges, de fruits noirs, alors qu’on s’attendait à des choses plus mûres du fait de la chaleur de l’été. Nous sommes dans une lignée inédite de 6 grands millésimes en Côte-Rôtie, nous sommes bénis des dieux, même si les rendements ne sont pas au rendez-vous » se félicite David Duclaux, co-président de la section Côte-Rôtie à Inter-Rhône.

« En Clairette de Die et vins du Diois, c’est l’altitude qui fait la différence. Les vendanges ont été très rapides sur les 30 communes que comptent nos appellations. La matière première était facile à travailler, la qualité est là. Les premiers jus sont concentrés et équilibrés avec de belles qualités aromatiques » explique Franck Monge, Président de l’appellation Clairette de Die et vins du Diois.

Pour les rouges des appellations méridionales, on note déjà une belle couleur et une bonne structure. Les tanins sont présents et fondus. Les Syrahs, grâce à une belle maturité, tirent leur épingle du jeu avec des notes de fruits mûrs et d’épices douces. Les Grenaches ont eu plus de mal à atteindre leur pleine maturité phénolique et ne présentent pas autant d’intensité colorante qu’à l’accoutumée.

Les premiers vins dégustés sont souples, équilibrés et très élégants. Ils sont gourmands et fruités, une qualité que l’on retrouve dans les premières cuvées prêtes à être dégustées, et notamment dans les primeurs de ce millésime 2020, commercialisés depuis quelques semaines déjà.

Vincent Boyer, président des Côtes du Rhône Villages Suze la Rousse confirme : « la récolte est très hétérogène en quantité mais dans la moyenne de l’appellation. Qualitativement, ce millésime est très satisfaisant, les vins présentent de belles couleurs et concentrations ». Alain Aubert, président des Côtes du Rhône Villages Plan de Dieu ajoute : « les vins sont jolis, friands, ce sera un beau millésime ».

« A Cairanne, nous avons une eu une jolie récolte. Qualitativement, les vins sont élégants et gourmands. 2020 rejoint la lignée des beaux millésimes de ces 5 dernières années » s’enthousiasme Samuel Montgermont, co-président de la section interprofessionnelle de l’appellation Cairanne.

Les vins blancs et rosés reflètent grandement l’hétérogénéité de cette récolte, avec des taux d’acidité variables selon les cépages et les zones. Cela donne des vins aux profils marqués, tantôt très aromatiques et frais, tantôt plus riches et complexes.
« Les vins blancs de la partie méridionale sont vifs et tendus, les notes d’élevage seront sans doute très intéressantes » ajoute Philippe Pellaton, Président d’Inter-Rhône.

Thomas Giubbi, co-président de la section interprofessionnelle de l’appellation Tavel poursuit : « Malgré les aléas climatiques du printemps, les vignes ont moins souffert que l’an passé fortement impacté par la chaleur. Les vendanges légèrement plus tardives ont permis une belle maturité des baies avec aussi plus d’acidité que l’an passé. 2020 à Tavel est donc un millésime avec de remarquables équilibres alliant finesse aromatique et intensité colorante typique du Cru Tavel. Un millésime de gastronomie que nous avons hâte de retrouver rapidement sur les tables de nos restaurants ! »

Même satisfaction du côté des appellations des Vignobles de la Vallée du Rhône (Clairette de Bellegarde, Costières de Nîmes, Côtes du Vivarais, Grignan-les-Adhémar, Luberon, Ventoux) :

« Le printemps compliqué n’a pas eu d’incidence sur la qualité et la quantité de la récolte. Le vignoble a globalement bien résisté à la sécheresse. On l’attribue essentiellement aux amplitudes thermiques jour/nuit, forts marqueurs du climat de l’AOC Ventoux qui permet à la vigne de récupérer pendant la nuit des fortes chaleurs de la journée. Les vins sont équilibrés, avec un rapport acidité / pH très bon, un millésime qui se démarque par sa finesse », se réjouit Sébastien Vincenti, représentant de l’appellation Ventoux.

Philippe Dry, représentant de l’appellation Côtes du Vivarais précise : « En Côtes du Vivarais, les pluies ont été suffisantes et ont permis aux raisins de mûrir à terme et à la végétation de se maintenir. L’état sanitaire est resté parfait. On retrouve dans les vins blancs la minéralité apportée par la fraîcheur des plateaux calcaires. Les vins rouges sont ronds, gras, avec de la structure et de jolies concentrations. Ce sera un millésime de garde en Côtes du Vivarais ».

Si la qualité est donc unanimement au rendez-vous pour les Vignobles de la Vallée du Rhône, les volumes de récolte seraient légèrement en baisse. Les enquêtes menées auprès des acteurs de l’AOP Côtes du Rhône et de l’AOP Côtes du Rhône Villages font état à date d’une baisse des volumes de l’ordre de -8% par rapport au millésime 2019 et de -10% par rapport à la moyenne décennale, avec une prévision de récolte de 1.540.000 hectolitres, dont 270.000 hectolitres pour les Côtes du Rhône Villages.